Afin d’expliquer le taux de chômage élevé dans certains pays européens par rapport aux États-Unis dans les années 1990 et 2000, certains économistes ont pointé du doigt l’existence d’institutions rigides sur le marché du travail (par exemple, des syndicats puissants, des allocations chômage généreuses et des règles strictes de protection de l’emploi).1,2 Ainsi, le manque de flexibilité dans certains pays pourrait expliquer le taux de chômage élevé. Qu’en est-il ?
Le Graphique 3.17 montre le lien entre la part des salariés dont le salaire est déterminé par des négociations collectives et le taux de chômage (en moyenne sur la période 2000–2014). Le pourcentage de salariés, dont les salaires sont déterminés par des négociations collectives, est mentionné sur l’axe des abscisses. Comme vous pouvez le voir, dans certains pays européens, ces négociations collectives concernent presque tous les salariés.
Si l’on observe les données sur la part des salariés dont le salaire est déterminé par des négociations collectives dans le Graphique 3.17, il ne semble pas que le chômage soit plus élevé dans les pays où le processus de fixation des salaires résulte majoritairement de négociations collectives.
Dans l’ensemble des pays où la part des salariés dont le salaire est déterminé par des négociations collectives est supérieure à 80 %, les taux de chômage s’échelonnent entre moins de 4 % (aux Pays-Bas) à presque 14 % (en Espagne). Un faible niveau de chômage est observé dans des pays très divers en termes de poids des négociations collectives : comparez, par exemple, la Corée du Sud et les Pays-Bas, le Japon et l’Autriche ou encore les États-Unis et la Suède. L’Autriche, où presque tous les salariés sont couverts par des négociations collectives sur les salaires, affiche un taux de chômage plus faible que les États-Unis, où moins d’un travailleur sur cinq est couvert par une négociation collective. L’Espagne et la Pologne enregistraient toutes deux un chômage de masse sur cette période, mais la part de salariés dont le salaire est fixé par négociation collective était très élevé en Espagne et très faible en Pologne.
1 David R Howell, Dean Baker, Andrew Glyn, et John Schmitt. 2007. ‘Are Protective Labor Market Institutions at the Root of Unemployment? A Critical Review of the Evidence’. Capitalism and Society 2 (1) (January).
2 Olivier Blanchard et Justin Wolfers. 2000. ‘The Role of Shocks and Institutions in the Rise of European Unemployment: The Aggregate Evidence’. The Economic Journal 110 (462) (March): pp. 1–33.
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